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Des étoiles plein les yeux.
1 février 2010

Etape d'Arzua à Pedrouzo-Arca do Pino.

C’est de bon matin que nous sommes partis d’Arzua. Il était 6H15 et peu de pèlerins avaient quitté la couette à cette heure. Sur le Camino, pas d’âmes qui vivent et nous sommes seuls pour traverser la grande forêt d’eucalyptus en direction de Pedrouzo-Arca do Pino. Dans ces bois, il y fait bien noir et une chance que nous avons des lampes opérationnelles. Ce n’est que lorsque cette odeur de pastille Valda nous aura quittée que nous serons à la sortie de ce bois. Très vite après le départ d’Arzua ce matin, le mal dû à mon entorse est revenu de plus belle. Jacques n’est pas mieux car lui, c’est son dos et ses vertèbres qui le font souffrir. Nous avançons comme deux éclopés mais le bruit des avions décollant de Lavacolla nous donne du courage pour avancer. Nous ferons douze kilomètres avec ce mal constant. Le chemin passe au côté du mémorial à Guillermo Watt ce pèlerin de 69 ans décédé le 25 août 1993 à une journée de Santiago. Nous arrivons ensuite à Rua et à cet endroit la borne indique 19 km pour Santiago. Ce chemin est devenu pour nous deux un calvaire et je me demande si demain nous pourrons repartir pour l’ultime étape. Avoir attendu tout ce temps pour en arriver à se traîner à 19 kilomètres du but, ce n’est pas possible. A la sortie de Rua, il nous reste 1,2 km à faire pour arriver à Pedrouzo. Dans une descente alors que nous suivons un autre pèlerin espagnol se traînant avec mal aux pieds, un pèlerin nous dépasse. Il marche en compagnie d’une femme et tout à coup il s’arrête fait demi-tour, fouille dans son sac et marche vers nous. Il nous parle en espagnol et je comprends qu’il me demande d’où vient mon mal. Je lui explique que c’est dû à une entorse. Alors il me tend deux sachets d’un anti-inflammatoire assez puissant, en me disant que je dois en prendre un le soir et un autre demain matin. Qui était-il ? Je ne le saurai jamais car lui continuais ce jour jusqu’à Santiago de Compostelle. Pour nous deux, l’étape est terminée car nous sommes en vue de l’entrée de Pedrouzo et l’auberge est située en contrebas de la route. Il y a déjà beaucoup de pèlerins assis en attendant l’ouverture du gîte. Nous nous installons sur un banc afin de prendre notre repas de midi. Qui voyons-nous arriver ? Nos deux espagnols de Melide avec qui Jacques avait eu des problèmes de lit. Nous les ignorons en espérant que le sort ne les replace pas à nos côtés pour cette nuit. Sur le banc, également l’espagnol ayant mal aux pieds et qui est accompagné par son père. Je ne pense pas me trompé tant ils se ressemblent. Nous faisons connaissance avec un hollandais Guillaume parlant un peu le français. Il est venu de si loin car faisant partie d’une compagnie en honneur de Saint Jacques, il doit absolument accomplir le pèlerinage afin d’obtenir assez de points pour se voir offrir un manteau par les membres de la compagnie de Santiago. Comme il habite le long du chemin de Compostelle partant de Hollande, il a même construit une chapelle dans son jardin en l’honneur du grand Saint. C’est là que l’on voit la phrase « à chacun son chemin » prendre tout son sens. L’auberge ouvre ses portes et nous assistons à une chose incroyable. Notre espagnol ayant mal aux pieds accompagné de son père qui se dispute la place d’entrée dans le gîte avec d’autres pèlerins. Cette nuit nous serons bien car nos lits sont placés en bout d’une petite alcôve, tout près d’une fenêtre. Après avoir pris notre douche et lavé notre linge, nous partons faire les courses. Dans le magasin, nous mettons comme d’habitude un peu d’ambiance et nous nous faisons remarquer par une jeune femme parlant anglais qui rigole de nos bêtises. Elle nous accoste et nous dit qu’elle se nomme Bernadette et qu’elle est cantatrice à l’opéra de Budapest. Jacques lui répond que lui est musicien et joue du violon dans un orchestre philarmonique en Belgique. Je dois me cacher derrière les rayons du magasin pour laisser éclater mon rire. Nous trouverons tout ce qu’il faut pour le souper et nous rentrerons nous cuisiner une magnifique escalope de veau accompagnée de pâtes et sauce tomate.

Pedrouzo Dsc01032

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