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Des étoiles plein les yeux.

4 mai 2010

Temps forts du chemin.

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Bien sur, tout le chemin en lui-même est extraordinaire où chaque moment a son importance et le pèlerin en reste imprégné pour le restant de sa vie.

Mais...

Je voudrais néanmoins noter pour chaque jour l'évènement qui m'a le plus marqué, parfois un moment fort ou une rencontre, un instant d'émotion forte, .....

Voici les faits marquants de chaque journée. 

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Le 26 août : Jour du départ, effervescence, anxiété, départ vers l'inconnu, mélange de sentiments, aboutissement, séparations.

Le 27 août : Descente du train à Fromista et premier contact avec le chemin.

Le 28 août : Incomparable accueil au gîte Santa Maria de Carrion.

Le 29 août : Le chemin, impressionnante ligne droite faite de galets au milieu de nulle part sous le soleil et sans un arbre.

Le 30 août : Arrivée à Sahagun dans la fournaise et rencontre avec Marie Solange dans une auberge.

Le 31 août : A 21h, le coucher de soleil sur l'étang aux grenouilles de Burgo Ranero.

Le 1 septembre : Le bar de Reliego couvert intérieurement et extérieurement d'écrits, témoignages du passage des pèlerins.

Le 2 septembre : Leon et la visite de sa cathédrale qui est de toute beauté.

Le 3 septembre : Un ancien du camino offre aux pèlerins différentes friandises et produits de son jardin disposés sur une table en devanture de son domicile.

Le 4 septembre : Etape très éprouvante surtout  l'arrivée dans le raidillon à l'entrée de la ville d'Astorga, juste avant le refuge.

  Le 5 septembre : Vigilance car chemin difficile en cette fin d'étape. Les 4 derniers km en côte nous ont semblés interminables.

Le 6 septembre : Passage sur le site de " La croix de fer". Atmosphère de recueillement. Bonheur.

Le 7 septembre : Coup de déprime,  problèmes de santé et autres...

Le 8 septembre : Longue étape, chaleur, tout simplement l'enfer... Arrivée dans l'épuisement total à Villafranca.

Le 9 septembre : Nous avons rejoint "Las mulas" et son cavalier. Journée des feux.

Le 10 septembre : La montée à O Cebriero. Unique.

Le 11 septembre : Longue descente dans la caillasse vers Triacastella.

Le 12 septembre : L'imposant monastère de Samos.

Le 13 septembre : A Sarria, rencontre avec Roger mais un manque de tonus chez nous deux.

Le 14 septembre : 20km en bus qui nous ont fait du bien, de Sarria à Portomarin. Ce qui cassa la monotonie.

Le 15 septembre : Fête à Palas de rey sur la place devant le gîte.

Le 16 septembre : Changement de temps et passage sous la barre des 100kms nous séparant de notre but.

Le 17 septembre : Souper dans une pizzeria et "recho".Ambiance à Arzua.

Le 18 septembre :Premiers eucalyptus. Rencontre avec Bernadett Maria dans le petit magasin du coin à Arca.

Le 19 septembre : Marche d'une heure le matin dans la forêt d'eucalyptus et les lueurs de l'aéroport à sa sortie. Monte de Gozzo sous la pluie et bien sur notre arrivée à Santiago. Notre nuit à l'étoile.

Le 20 septembre : Démonstration du "Botafumero". Nouvelle rencontre avec Bernadett Maria.

Le 21 septembre : Retour en train vers Santander, 11h de trajet. C'est refaire le chemin en arrière. Emotions. Arrivée au gîte deux minutes avant sa fermeture.

Le 22 septembre : Visite de Santander.

Le 23 septembre : Retour chez soi.

Si je devais retenir 5 évènements.

La descente du train à Fromista avec devant nous toute notre aventure, ses incertitudes, ses découvertes...

Arrivée sur le site de la "Croix de fer".

La longue montée vers O Cebriero.

L'arrivée en vue de la grand-place de Santiago.

Notre nuit à l'étoile.

Si je devais retenir un évènement.

Notre arrivée sur la place de Santiago.

Un rêve, repartir...

                                                    Selon Jacques.

                              

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21 février 2010

La journée du 26 août.

Avant notre départ.

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J'ai vécu cette dernière matinée d'attente dans le stress et l'anxiété alors que tout le matériel était plus que prêt depuis plusieurs jours déjà mais il y a toujours la peur d'oublier quelque chose et il y a également ce départ, quitter sa famille pour un mois d'aventure n'est pas banal.

Vers 13h30, je suis allé chercher mon frère à son domicile et nous sommes revenu chez moi afin de charger nos bagages. Le temps de prendre quelques photos et boire une tasse de café nous voilà sur le départ pour Gosselies. L'envol de l'avion était prévu à 17h20. Inutile de dire que nous étions présents dans le hall de l'aéroport largement dans les temps. Nous nous sommes offert le temps de nous attabler et prendre un verre en famille avant l'enregistrement des bagages ce qui a détendu l'atmosphère. Beaucoup de photos ont été prises afin d'immortaliser l'évènement.

Et puis voilà, enfin ou déjà, le grand moment est arrivé, celui de l'enregistrement mais aussi celui des aux revoirs. Instants difficiles, un peu redoutés mais un passage obligé.

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S'en suivront les embrassades, les échanges de regards, les sourires, quelques larmes, signes de la main et bien vite nous voilà orientés vers les différents contrôles de sécurité. Nous vivrons le stress dans la récupération de nos objets personnels et  l'attente de l'embarquement. Par les larges baies vitrées nous avons suivi les préparatifs de cet avion, cet" A320" qui nous transporterait sans plus tarder vers Santander, point de départ de notre aventure tant rêvée.

Une fois embarqués et installés sur les sièges que nous avions choisis car moyennant un supplément sur le prix de nos billets nous étions passagers prioritaires. Par le hublot nous avons vu un chariot s'approcher de l'avion, chargé de nos bagages et bourdons ce qui calma notre anxiété quant à une éventuelle perte de ceux-ci.

Nous nous sommes envolés en toute sérénité.

Selon Jacques.

17 février 2010

Projet de livre virtuel.

Un nouveau projet verra bientôt le jour. Le récit complet de notre aventure sous forme de livre virtuel.

VOIR LE LIEN dans la colonne de droite.

livre

11 février 2010

Rêve de pèlerins.

Depuis quelques jours, l'envie de dormir une nuit à la belle étoile à Santiago trottait dans leurs pensées. Cette idée remplacerait celle de prolonger leur Camino jusqu'au Finistère.

Il pleuvait des cordes ce matin de dernière étape à l'approche de Monte do Gozo. Ils sont entrés dans la chapelle afin de s'y abriter et de s'y recueillir. La culbute d'un de leurs bourdons brisa le petit tube en verre qu'il renfermait et le peu de terre qu'il détenait, il fallut l'épandre sur le sol. Le second pèlerin fit de même. Ce sera donc ici, dans cette chapelle, que la terre de chez eux sera déposée.

A l'extérieur, non loin de l'entrée, sous un arbre il gratta le sol afin de récolter et ainsi emporter de la terre de cette Galice tant rêvée. Un autre tube contenant des écrits, leur bouteille à la mer en quelque sorte, fut déposé aux pieds des statues faisant face à Santiago. Ces opérations accomplies ils ont repris la direction de Compostelle, toujours sous la pluie. C'est en vue de la porte des pèlerins que ce gros crachin cessa et que le soleil fit son apparition.

Alors, les nuages se faisant de plus en plus rares avec le défilement des heures, renaissait en eux l'espoir de vivre une nuit à la belle étoile et en fin d'après-midi très haut dans le ciel ils suivirent du regard le passage en formation de quelques grues et seront surpris par le vol d'un faucon pèlerin qui nichait sur les hauteurs de la cathédrale.

La fin de la journée approchait doucement; ils se sont promenés dans les rues animées aux abords de la place et sont retournés à l'intérieur de la cathédrale, ont pris leur dernier repas de la journée dans un petit restaurant.

Par la suite ils ont repris place sur leur banc de pierre face à la cathédrale qui est maintenant illuminée alors que le soleil se couchait du côté du Finistère...Et sans qu'ils ne s'en rendent compte, la nuit s'était invitée. Oui, cette fois s'était décidé, ils dormiraient en cet endroit un peu à l'abri des regards bien que naissait en eux une certaine inquiétude, l'incertitude et la peur de l'inconnu. Pour eux, plus question de faire machine arrière car trouver logement à cette heure avancée devenait problématique alors, ce petit coin de place serait dès à présent leur domaine, leur demeure, leur chez-eux. Il leur restait à s'organiser et emménager. L'un d'eux dénicha quelques cartons, histoire de s'isoler de la pierre.

Un groupe folklorique composé de chanteurs, cornemuse, tambourin, accordéon s'est approché et enflamma le public encore présent sur la place à cette heure tardive. Les gens chantaient, dansaient et cette fête était la bien venue en quelque sorte car elle repoussait dans le temps l'heure un peu redoutée à laquelle ils s'allongeraient et fermeraient les yeux. Bref, l'inconnu.

La fête terminée, ils se sont dirigés timidement vers leur banc en pierre et se sont tant bien que mal allongés ou plutôt adossés à leur sac alors que le froid de la nuit s'abattait doucement sur Santiago. Dans le ciel, les étoiles abondaient.

Il se faisait tard, cette immense place était maintenant désertée, vidée de tous ces touristes et pèlerins. Où se sont-ils tous cachés?

Il était trop difficile pour eux de s'endormir; le passage fréquent de la "guardia civile", le froid, le manque de confort, l'inquiétude, sans doute un peu l'insécurité comment oser fermer les yeux et échapper au conscient. Le vivre c'est comprendre, connaître l'impossible.

Il est 1h15 du matin. En contrebas un bar était encore ouvert et ils décidèrent de s'y réchauffer autour d'un café con leche. Quelle chance! Sa fermeture est prévue à 2h30 ce qui garantirait leur bonheur pour une bonne heure supplémentaire. Le temps est long, ils ont bu deux cafés, apprécié un quartier de "gâteau de St Jacques", regardé la télévision sans la voir, leurs pensées étant sans doute bien loin, peut-être encore sur le chemin. Ils ont assisté au nettoyage du bar, le tenancier a téléphoné à plusieurs auberges afin de leur dénicher un logement mais en vain. Il se faisait très tard ou tôt selon. Ils auraient bien ouvert leur sac de couchage à l'arrière du comptoir et ainsi passer une nuit au chaud mais la fatigue aidant leurs esprits divaguaient et ils ont essuyé un refus de la part du responsable.

Les portes du bar se sont fermées à l'heure dite et ne sachant pas où aller ils ont pour la millième fois posé le sac sur leur dos et ont pris la direction du refuge situé en dehors de la ville à 3km. Même avec un plan en main ils ont éprouvé des difficultés à s'orienter, ils ont rencontré des fêtards qui ont tenté de les aider. Dans leur errance ils sont passés à proximité de la gare et se sont dit:" Si nous avions la chance qu'elle soit ouverte, un banc serait là pour nous accueillir au chaud"... Et bien non, la gare était déserte, portes closes et aucun bancs dans les environs.

Ils se sont une fois de plus remis en route mais avant d'être en vue de ce fameux gîte ils ont encore dû gravir cette longue rue à dénivelé important.

Face au refuge, de l'autre côté de la rue, ils se sont installés sur des bancs de pierre(encore) à l'intérieur du kiosque. Inutile de dire qu'il faisait toujours aussi froid et donc pas la possibilité de tomber dans les bras de Morphée. Par contre au-dessus d'eux le ciel était bien dégagé et parsemé d'étoiles, ce qu'ils avaient rêvé en somme. Vers 6h, profitant de la sortie d'un pèlerin qui lui s'en allait vers le finistère ils se sont introduits dans la propriété et par la suite à l'intérieur du refuge. Enfin un peu de chaleur, toute relative dans cet immense hall d'entrée.

Fatigués, ils ont attendu jusqu'à 8h l'ouverture de l'accueil et enfin bénéficier d'une inscription pour la prochaine nuit. Assis sur les marches du grand escalier ils ont assisté au départ des pèlerins qui prenaient le chemin de la fin des terres.

Finalement leur rêve leur a apporté la connaissance de la rue avec sa froidure et son inconfort, l'incertitude et l'errance pour une seule nuit. Ils ont compris que même étoilée, la nuit, les nuits sont longues très longues, très dures à vivre pour eux, ceux qui n'ont rien et n'ont pas le choix. Ils ont compris ce qu'était le confort d'un lit, la chaleur délivrée par une couverture, le bonheur d'un chez soi.

Vous l'aviez deviné: Ils, c'était nous.

Selon Jacques.   

 

8 février 2010

Villes et villages d'étape."Arca".

Nous avons quitté Arzua à 6h15 et très peu de temps après nous avons été plongés bien malgré nous dans une forêt d'eucalyptus. Selon moi, de jour, c'est une expérience qui offre au marcheur des émotions étranges face à sa solitude et sa petitesse devant ces arbres semblant l'observer lors de son passage.

Mais de nuit, dans une totale obscurité, sans même une petite lueur descendant de la voûte céleste la marche est très différente et même impressionnante. Notre sort était suspendu au bon fonctionnement de nos deux lampes frontales avec cette hantise qu'à un détour ou une croisée de chemins une flèche jaune échappe à notre vigilance. De temps en temps François se servait de son sifflet en bois afin d'effrayer qui, quoi, nul ne le sait. Je crois que tout simplement de cette manière nous nous donnions un peu de courage et ainsi affronter plus facilement nos peurs irraisonnées. N'empêche que nous avons été heureux d'apercevoir les premières lueurs du village à la sortie de cette forêt.

Voici le dernier repas que nous avons cuisiné. Veau, spaghettis, tomates, fromage sans oublier le petit rouge.

                       Selon Jacques.

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2 février 2010

Villes et villages d'étape."Arzua".

Pas loin de 15km à parcourir aujourd'hui. Etape pas très longue il est vrai mais nous avons affronté quelques petites côtes, ce qui explique en partie notre moyenne pas très élevée mais je crois aussi que notre approche de Santiago provoquait ce ralentissement. Je ne sais pas chez François, mais pour ma part je pense que quelque part j'aurais voulu repousser dans le temps le vécu de cette fin, si proche maintenant.

Cela dit, ici en Galice, le soleil n'est plus tellement de la partie, la température est nettement plus basse et l'atmosphère plus humide. Nous nous y attendions bien sur.

Nous avons été satisfaits de notre refuge malgré la cuisine inexistante. Dans le fond, voyons le côté positif des choses; cela nous a donné l'occasion de goûter cette délicieuse soupe Galicienne dénomée "Recho".

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2 février 2010

Etape de Pedrouzo à Santiago de Compostelle.

Il règne ce matin dans l’auberge une certaine atmosphère empreinte à la fois de nervosité et d’angoisse. Au déjeuner, nous avions prévu de placer l’énigme pour retrouver notre message scellé dans le tube " voir le premier blog -lien). Notre choix se porta sur la porte des cuisines, là où les pèlerins préparent leur café. Ni une, ni deux, je colle le message et nous partons directement pour Monte do Gozo pour y déposer notre tube. Le site de Monte do Gozo avait été choisi car c’est de cet endroit que l’on peut pour la première fois admirer Santiago de Compostelle et j’aurais aimé le placer le tube dans le chapeau du pèlerin saluant la ville Voilà pourquoi la phrase « C’est à l’approche du but que le pèlerin te saluant aura une surprise pour toi ». Nous sommes partis assez tôt et pour ce dernier départ, je n’ai pas indiqué l’heure dans mon carnet (peut être après tout, que je n’avais pas envie d’en terminer avec mon périple). A la sortie du village, nous sommes plongés directement dans une obscurité intense due à l’entrée dans la forêt d’eucalyptus. Jacques ne me parle pas de son mal de dos et pour ma part, la tendinite causée par l’entorse à l’air d’être rangée au rayon souvenirs. Nous débutons la journée par quelques belles grimpettes et lorsque nous sortons de ce bois, c’est pour y admirer les lumières intenses de l’aéroport de Lavacolla. C’est l’éclairage de la piste, mais dans cette brume et de plus avec la proximité de Santiago, cela fait bizarre, je fais la photo. Nous remontons maintenant dans un chemin caillouteux bordant la piste d’envol et déjà à cette heure nous entendons les avions s’élancer. Le chemin est bordé de bruyères et de pins nous suivons d’autres pèlerins mais à notre allure car nos maux au moindre faux pas réapparaîtront. Les bornes ne correspondent plus aux kilomètres restant sur le guide. Est-ce à cause des travaux de l’aéroport et le détournement du Camino initial ? Nous avions à peine dépassé les lumières d’approche de la piste qu’un avion se pose et qu’un autre de Ryanair prend son envol. Tous ces signes qui nous disent que bientôt ce sera à notre tour de rentrer à la maison. Nous ne parlons pas beaucoup Jacques et moi ce matin, nous sommes réfugiés dans nos pensées et nous marchons un peu par habitude. A l’entrée du village de Lavacolla, un bodega nous accueille et nous buvons un café. A notre départ nous recevons de la part d’une jeune fille un échantillon d’alcool faisant la promotion d’un établissement où l’on peut se procurer la même eau de vie en ville à Santiago. Nous les buvons sans attendre, un peu comme tous les pèlerins passés avant nous, au vu de nombreuses pochettes (vides) abandonnées le long du Camino. Sur le dessus du village, la pluie se met à tomber. Pas de chance, après un mois de sécheresse. Bon, pas grave, nous enfilons nos capes et cette fois nous les garderons jusqu’à notre arrivée à Santiago. Nous gravissons une dernière grosse côte avant d’arriver à la chapelle Saint Marc située juste en dessous du monument érigé pour la visite de Jean Paul II lors des journées de la jeunesse en septembre 2004. Nous y entrons pour nous abriter surtout, car la chapelle en elle-même n’a pas tellement d’intérêts. Une statue de ND de Fatima orne le choeur. Nous nous mettons à l’aise, enlevons chapeau, capes et sacs. Au moment de s’asseoir, mon bourdon tombe sur le sol et la capsule de verre renfermant la terre de mon jardin se brise. C’est ainsi que Jacques ouvrit également le petit réservoir contenant sa terre et répandit le contenu sur le sol de la chapelle. Alors pourquoi à cet endroit ? C’est au pied d’un arbre de Monte do Gozo que j’ai ramassé la terre de Galice qui remplacera la nôtre dans nos bourdons. Quelle histoire. Ramasser de la terre et déposer la nôtre était notre première mission. Placer le tube dans le chapeau du pèlerin de bronze est la seconde. Toujours sous une pluie battante nous grimpons le mont en direction des deux pèlerins saluant la ville. En arrivant sous les bronzes et après plusieurs essais, nous nous rendons compte qu’il est impossible de placer le tube dans le chapeau. Bon moment de rigolade entre deux frères dont les vêtements dégoulinent mais qui s’obstinent à déposer leur message.

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Pour finir nous avons dû nous résoudre à enterrer le précieux tube scellé au pied du deuxième pèlerin. Sans plus tarder nous repartons cette fois pour en terminer avec notre pèlerinage. Nous devons demander notre route à une dame aussi trempée que nous, afin de retrouver le Camino. Nous voici maintenant à l’entrée de la ville, SANTIAGO, l’émotion monte d’un cran. Les capes remplissent pleinement leur rôle mais nos bas de pantalons sont trempés. Une chance la pluie à l’air de se calmer et nous entrons dans la ville par la porta do Camino. Il est 12H45 et c’est la gorge serrée que nous arrivons devant les escaliers menant sur la place de Santiago. Sous le porche d’entrée, un homme seul joue de la gaïta, cela ajoute encore de l’émotion et maintenant les frissons se font ressentir. Je serre les dents pour ne pas laisser échapper mes larmes, tant l’émotion est intense. Jacques fait de même et nous ne pouvons rien dire, à part « que c’est beau », « regarde le monde devant la cathédrale ». En effet, la place est noire de monde et nous sommes photographiés comme deux bêtes curieuses ou comme deux extra-terrestres. Nous entendons parler français et c’est une famille venant accueillir un proche. Nous leurs demandons de nous prendre en photo devant la cathédrale. Après avoir mangé sur les bancs de pierre qui bordent la place, nous partons en ville en quête de petits cadeaux pour la famille mais également pour obtenir notre Compostella à la maison des pèlerins. Nous rencontrons Guillaume le hollandais, Bernadette la cantatrice hongroise. La pluie s’est enfin arrêtée et ne reviendra plus. Nous soupons en ville mais nous n’avons toujours pas d’endroit où dormir. Nous décidons de passer la nuit à la belle étoile (comme nous avions rêvé lors de la préparation de notre pèlerinage) sur la place de Santiago devant la cathédrale et chance inouïe malgré la pluie de la journée, nous apercevons les étoiles. Que du bonheur ! Mais la pluie a apporté de l’humidité dans l’air et nos vêtements ne sèchent pas et la chaleur qui nous habite fait vite place à la froideur de la nuit. Nous ne pouvons nous endormir car à minuit la place est toujours très animée et photographiée de plus la police patrouille énormément dans la ville et nous nous faisons tout petit à leur passage. Vers onze heures un groupe folklorique vient s’installer sous les arches du département autonome de Galice et commence à jouer et chanter des airs du pays. Les touristes affluent vers le groupe musical et nous passons un très bon moment. La musique s’est tue vers minuit et demi et notre nuit glaciale pouvait commencer. Pas moyen de s’endormir malgré quelques cartons ramassés à l’entrée d’un magasin afin de nous isoler de la froideur des bancs de pierre. Vers 1H30 nous décidons de nous rendre dans un café encore ouvert en vue de nous réchauffer un peu et manger un bout accompagné d’un café. Le patron nous voyant frigorifiés se met à téléphoner dans un hôtel pour nous trouver une chambre mais à cette heure c’est peine perdue. Nous resterons dans cet établissement jusqu’à la fermeture vers 2h30. Nous ne pouvons pas rester immobiles car nous risquons le rhume ou pire encore. Nous traversons donc la ville pour nous rendre à la gare en espérant trouver un abri mais celle-ci est fermée. Nous repartons maintenant en direction de l’auberge municipale mais elle est fermée également. Nous décidons cependant de nous installer sous un kiosque de pierre abritant des bancs du même matériau. Cette fois nous nous glissons dans nos sacs de couchage en attendant l’ouverture de l’auberge. Comment expliquer, il fait froid, nous sommes gelés mais que c’est beau toutes ces étoiles qui brillent dans le ciel. Dans cette froideur, nous réussissons à nous endormir plus ou moins, plutôt moins d’ailleurs, deux heures. Le froid auquel vient s’ajouter la fatigue nous fait grelotter. Vers six heures du matin, un prêtre sortant de l’établissement attire notre attention. Je courre vers lui en lui demandant de nous laisser entrer. Il me répond aussi froidement que la nuit que la réception est ouverte à partir de 08H30. C’est vers 07H15 qu’un pèlerin breton partant pour le Cap Finistère nous ouvrira le portail. Nous entrerons alors dans l’auberge où un air de chaleur sera apprécié, même en étant assis sur des escaliers. A l’ouverture de la réception, nous pourrons déposer nos sacs mais nous devrons repartir pour le centre ville car l’auberge ouvre ses portes aux pèlerins à partir de 13H30.

Pour cette nuit voilà le sello que nous aurions dû recevoir sur notre crédentiale.

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1 février 2010

Etape d'Arzua à Pedrouzo-Arca do Pino.

C’est de bon matin que nous sommes partis d’Arzua. Il était 6H15 et peu de pèlerins avaient quitté la couette à cette heure. Sur le Camino, pas d’âmes qui vivent et nous sommes seuls pour traverser la grande forêt d’eucalyptus en direction de Pedrouzo-Arca do Pino. Dans ces bois, il y fait bien noir et une chance que nous avons des lampes opérationnelles. Ce n’est que lorsque cette odeur de pastille Valda nous aura quittée que nous serons à la sortie de ce bois. Très vite après le départ d’Arzua ce matin, le mal dû à mon entorse est revenu de plus belle. Jacques n’est pas mieux car lui, c’est son dos et ses vertèbres qui le font souffrir. Nous avançons comme deux éclopés mais le bruit des avions décollant de Lavacolla nous donne du courage pour avancer. Nous ferons douze kilomètres avec ce mal constant. Le chemin passe au côté du mémorial à Guillermo Watt ce pèlerin de 69 ans décédé le 25 août 1993 à une journée de Santiago. Nous arrivons ensuite à Rua et à cet endroit la borne indique 19 km pour Santiago. Ce chemin est devenu pour nous deux un calvaire et je me demande si demain nous pourrons repartir pour l’ultime étape. Avoir attendu tout ce temps pour en arriver à se traîner à 19 kilomètres du but, ce n’est pas possible. A la sortie de Rua, il nous reste 1,2 km à faire pour arriver à Pedrouzo. Dans une descente alors que nous suivons un autre pèlerin espagnol se traînant avec mal aux pieds, un pèlerin nous dépasse. Il marche en compagnie d’une femme et tout à coup il s’arrête fait demi-tour, fouille dans son sac et marche vers nous. Il nous parle en espagnol et je comprends qu’il me demande d’où vient mon mal. Je lui explique que c’est dû à une entorse. Alors il me tend deux sachets d’un anti-inflammatoire assez puissant, en me disant que je dois en prendre un le soir et un autre demain matin. Qui était-il ? Je ne le saurai jamais car lui continuais ce jour jusqu’à Santiago de Compostelle. Pour nous deux, l’étape est terminée car nous sommes en vue de l’entrée de Pedrouzo et l’auberge est située en contrebas de la route. Il y a déjà beaucoup de pèlerins assis en attendant l’ouverture du gîte. Nous nous installons sur un banc afin de prendre notre repas de midi. Qui voyons-nous arriver ? Nos deux espagnols de Melide avec qui Jacques avait eu des problèmes de lit. Nous les ignorons en espérant que le sort ne les replace pas à nos côtés pour cette nuit. Sur le banc, également l’espagnol ayant mal aux pieds et qui est accompagné par son père. Je ne pense pas me trompé tant ils se ressemblent. Nous faisons connaissance avec un hollandais Guillaume parlant un peu le français. Il est venu de si loin car faisant partie d’une compagnie en honneur de Saint Jacques, il doit absolument accomplir le pèlerinage afin d’obtenir assez de points pour se voir offrir un manteau par les membres de la compagnie de Santiago. Comme il habite le long du chemin de Compostelle partant de Hollande, il a même construit une chapelle dans son jardin en l’honneur du grand Saint. C’est là que l’on voit la phrase « à chacun son chemin » prendre tout son sens. L’auberge ouvre ses portes et nous assistons à une chose incroyable. Notre espagnol ayant mal aux pieds accompagné de son père qui se dispute la place d’entrée dans le gîte avec d’autres pèlerins. Cette nuit nous serons bien car nos lits sont placés en bout d’une petite alcôve, tout près d’une fenêtre. Après avoir pris notre douche et lavé notre linge, nous partons faire les courses. Dans le magasin, nous mettons comme d’habitude un peu d’ambiance et nous nous faisons remarquer par une jeune femme parlant anglais qui rigole de nos bêtises. Elle nous accoste et nous dit qu’elle se nomme Bernadette et qu’elle est cantatrice à l’opéra de Budapest. Jacques lui répond que lui est musicien et joue du violon dans un orchestre philarmonique en Belgique. Je dois me cacher derrière les rayons du magasin pour laisser éclater mon rire. Nous trouverons tout ce qu’il faut pour le souper et nous rentrerons nous cuisiner une magnifique escalope de veau accompagnée de pâtes et sauce tomate.

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27 janvier 2010

Villes et village d'étape."Melide".

Aujourd'hui, j'ai eu la sensation plus que les jours précédents de marcher et poser mes pieds sur le véritable chemin de Santiago. Celui qui n'a jamais subi de transformations depuis sa création. Que de pas se sont posés sur ces immences dalles de pierre ancestrales formant des tronçons épargnant les pieds du pèlerin par fortes pluies!!!

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Chaque jour le chemin offre un nouveau visage au pèlerin et jamais il n'est lassant ou monotone, chaque étape a ses particularités.

Dans Mélide,nous avons connu quelques difficultés pour trouver le refuge qui lui n'est vraiment pas exceptionnel. Je n'ai rien rencontré de vraiment intéressant dans cette ville; c'est le camino !

A la sortie de Palas de Rei, nous avons, pour pas très longtemps, enfilé notre cape pour la première fois. Heureusement ce ne fut qu'un crachin qui très vite s'estompa mais le ciel demeura couvert avec une température un peu plus basse que d'habitude.

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Une nouvelle étape vient de se terminer et, il faut le dire, rien de tout notre vécu depuis le 29 août n'est venu oter quoi que ce soit à notre bonne humeur, notre entente, notre bonheur d'être ensemble dans tout ce que nous avons fait et admiré. Nous avons toujours su deviner chez l'autre sa recherche de moments de solitude et parfois de recueillement dans les endroits imprégnés de symboles.

Dans trois jours,.........Santiago.

                              Selon Jacques.

26 janvier 2010

Etape de Melide à Arzua.

Hier avant de m’endormir, j’ai placé une bande serrante à la cheville que je me suis tordue et j’ai également pris des anti-inflammatoires. Et surprise ce matin en me réveillant le mal avait disparu, je croise les doigts. Seul mon ongle incarné me fait souffrir. Nous avons bien dormi mais l’auberge était digne du guide « MAL ». Les communs se situaient dans la chambre et étaient ouverts sur le dessus, grande cuisine avec même pas un poêlon pour chauffer l’eau du café. Aux robinets coule une eau tiède donc impropre pour remplir son bidon. Alors que doit faire le pèlerin, sortir au plus vite de cette albergue et traverser la rue pour se rendre dans l’établissement où il payera son café et où tous les croissants attendent les visiteurs affamés. Un bon moyen pour s’enrichir en tenant compte des 80.000 pèlerins qui cheminent en moyenne par année. Le Camino ne serait-il orienté que sur le fric ? Le chemin est assez vallonné et nous arrivons bien vite à un passage à gué et dans l’obscurité ce n’est pas gai. Une chance que de très grosses pierres ont été placées pour faciliter le passage. Après avoir admiré le paysage et photographié quelques greniers à maïs nous arrivons au village de Boente et son église Saint Jacques. Une chance celle-ci est ouverte et une dame nous accueille à l’entrée, un sello à la main afin de tamponner notre crédentiale. Après Boente le chemin est fait de fortes montées et de descentes très pentues. Nous traversons à présent des forêts d’eucalyptus, le nez coule ou se débouche sans doute à cause de toutes ces senteurs. Nous ne rencontrons pas beaucoup de café en route et comme nous n’avons toujours pas bu depuis Melide, la gorge est sèche. Nous arrivons vers 11 H°° à l’entrée d’Arzua et la ville est tout en longueur. L’auberge se situe tout au bout de la rue principale. Il est grand temps d’y arriver car quelques grosses gouttes de pluie commencent à tomber. Nous dinons sous l’entrée du gite. Plusieurs pèlerins s’arrêtent également à cause du mauvais temps. A l’intérieur de l’auberge, les chambres sont assez surpeuplées avec sur les côtés de la chambre des lits simples et au milieu des lits superposés. Nous obtenons tous les deux des lits d’une personne. La cuisine est comme à Melide, dépourvue de tout. Nous mangerons en ville ce soir. A l’extérieur la pluie continue de tomber et je pars en ville à la recherche d’un spray nasal et surtout essayer de trouver une pédicure pour l’ongle qui me fait mal. Je trouverai une pharmacie mais rien concernant la pédicure. J’essayerai encore ce soir de couper cette pointe qui me rentre dans la chair. En ville je repère un petit restaurant bien sympathique où l’on peut y manger des pizzas ou des pâtes. Je retrouve Jacques dans la chambre allongé sur son lit et remplissant son carnet de pèlerin. Ensuite nous partons en ville tous les deux pour se désaltérer et acheter des mouchoirs pour moi. Nous rencontrons les espagnols que nous avions vu à Rabanal, à El Acébo, O Cebreiro et nous sommes très heureux de nous revoir tous et nous nous faisons la bise. Au restaurant une fois n’est pas coutume et nous commandons un merveilleux potage à base de viandes et de pois chiches et ensuite deux pizzas superbes aux quatre fromages. Un rêve que ce potage, une spécialité de Galice. La musique d’ambiance nous plaît car dans le brouhaha du restaurant nous reconnaissons la mélodie des gaïtas. Je demande à la serveuse de quel groupe musical il s’agit et elle me marque sur un papier « Luar Na lubre » et le titre écouté « Espiral ». Si vous voulez écouter la musique de Luar Na Lubre, couper d'abord celle du blog au-dessus à gauche.

Nous repartons dormir le ventre plein et nous ne devrons pas attendre l’extinction des feux pour nous endormir. A l’extérieur la pluie continue de tomber. Alors demain, cape ou pas cape ?

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